Faible représentativité des femmes dans l'Assemblée Nationale Burkinabè
Bien que le genre féminin soit promu dans divers secteurs, la représentation des femmes à l'Assemblée nationale du Burkina Faso demeure remarquablement faible et ce déséquilibre persistant soulève des questions sur le rôle réel des femmes dans la sphère politique.
Assemblée Nationale Burkinabè (crédit photo : news.aouaga.com)Depuis l’indépendance du Burkina Faso
en 1960, les femmes ont toujours été sous-représentées dans les instances
décisionnelles. Bien que le pays ait ratifié plusieurs conventions
internationales prônant l'égalité des sexes, telles que la Convention sur l'élimination
de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (CEDEF), les
avancées en matière de participation politique des femmes ont été lentes. La
sous-représentation des femmes à l'Assemblée nationale est due à plusieurs
facteurs. Les normes socioculturelles traditionnelles jouent un rôle
significatif. Souvent, les femmes sont perçues principalement comme les
gardiennes du foyer, et leur participation active en politique n'est pas
encouragée. Cette situation est poussée à son paroxysme par un accès limité à
l'éducation et aux ressources économiques, qui sont essentiels pour une
participation politique significative. Alice Tiendrébéogo-Kaboret, dans son
ouvrage "Les femmes au parlement - Au-delà du nombre", attribue cette
réalité à l'idéologie patriarcale dominante, à la nature des partis politiques
et aux structures socio-économiques qui ne favorisent pas les candidatures
féminines, préférant souvent des hommes perçus comme plus expérimentés ou
charismatiques. En outre, les femmes en politique sont souvent confrontées à
des préjugés et des stéréotypes qui les discréditent et les empêchent d'être
prises au sérieux, étant considérées comme appartenant au sexe dit faible.
Elles rencontrent également des difficultés pour accéder aux financements nécessaires
à une campagne électorale efficace, ce qui les désavantage par rapport aux
hommes qui bénéficient de davantage de financements et du soutien de leurs
pairs. Lydia Rouamba et Zakaria Soré, analysant les élections législatives de
novembre 2015, soulignent que l'article 3 de la Loi N° 10-2009/AN visait à
augmenter la participation équitable des femmes et des hommes dans les
élections et la vie politique, en stipulant qu'une liste de candidatures doit
inclure au moins 30 % de chaque sexe. Cependant, nous ne constatons aucun
changement significatif quand au nombre de femme dans l'assemblée nationale.
Lors des élections législatives de 2014 à 2015, les femmes représentaient moins de 11 % des députés, soit 11femmes sur un total de 90 sièges. Cette
proportion est bien en deçà de l'égalité souhaitée. Les chiffres n'ont guère
évolué au fil des années, illustrant une stagnation préoccupante. De plus, le
système électoral à tendance à ne pas favoriser l'égalité des genres. Malgré
l'introduction de quotas de genre pour promouvoir l'égalité, leur mise en œuvre
est souvent partielle ou inefficace, limitant leur impact. Les femmes en
politique doivent souvent surmonter des obstacles supplémentaires, comme le
manque de soutien de leur parti ou la difficulté à concilier vie familiale et
obligations politiques. Ces défis systémiques appellent à des réformes en
profondeur.
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